DES BLUE JEANS PLUS VERTS GRÂCE AUX BACTÉRIES

Une teinture écofriendly qui pourrait changer l'industrie

Jeans, source de pollution

On vous en parlait en vidéo (cf. fin d’article), l’impact environnemental des jeans est colossal. Avec la prise de conscience écologique, de plus en plus de marques proposent des vêtements faits à base de coton BIO, mais le gros de l’industrie ne se préoccupe que trop peu de l’environnement. Outre le coton en lui même, les teintures ont, elles aussi, un impact important.

Alors qu’à l’origine, l’indigo était extrait de plantes, aujourd’hui, la teinture bleu-violacée est purement synthétique et malheureusement, les bains chimiques pour teindre le tissu le plus populaire de la planète ne sont pas tous filtrés avec le soin qu’il conviendrait. Résultat, de nombreux produits chimiques finissent dans les cours d’eau et polluent gravement notre environnement.

Les bactéries, une solution inattendue venue de l’intestin

Les teintures synthétiques sont peut-être vouées à disparaître! C’est en tout cas se que laissent espérer les scientifiques de l’Université de Californie qui ont récemment annoncé avoir trouvé le moyen d’obtenir le fameux coloris « denim » grâce à une bactérie cultivée en laboratoire.  Cette bactérie, c’est l’Escherichia coli ou « E coli » qu’on trouve dans l’intestin humain et qui doit sa célébrité à quelques scandales alimentaires.

Dans ce cas présent, l’E coli constitue une réelle solution écologique pour l’industrie textile. D’après John Dueber, co-auteur de l’étude du département de bioingénierie de l’Université de Californie, l’Escherichia coli est une véritable usine à indigo. En effet, l’E coli produit un composé appelé indoxyl. Seul souci, ces pigments bactériens sont insoluble et donc inutilisable à l’état brut pour colorer de la matière. Toutefois, en ajoutant une molécule de sucre, l’indoxyl se transforme en indican, un précurseur de l’indigo. Il ne reste plus qu’à ajouter une enzyme au mélange pour transformer l’indican en indigo, directement sur le tissu lors de la teinture.

Une technologie à développer

Toujours selon Jonh Dueber, il faut actuellement plusieurs litres bactéries pour teindre une seule paire de jeans, ce qui implique un coût trop élevé pour intéresser l’industrie en l’état. C’est pourquoi le laboratoire s’emploie actuellement à rendre sa trouvaille commercialement intéressante afin d’offrir une alternative rentable, mais surtout plus écologique que les teintures chimiques utilisées aujourd’hui.

Leïla Rölli

Sources: Nature Chemical Biology