ADIEU PIZZAFACE!
Où comment j'ai réussi à me débarrasser de cette vilaine acné d'adulte
Peu après mes 29 ans, alors que ma peau était, jusque là, pratiquement parfaite, j’ai commencé à bourgeonner sévère. D’abord un peu, puis de plus en plus. Mon visage s’est transformé en une large pizza au pepperoni double mozza et j’étais au bout du fart, comme on dit ici, dans les régions montagneuses.
Voyant que mon masque purifiant hebdomadaire ne faisait plus effet, j’ai alors entrepris de me soigner naturellement… dans un premier temps. J’ai vu un nombre incalculable de spécialistes adeptes de la médecine alternative, énergéticiens, rebouteux, guérisseurs agissant en live ou à distance, dépensé une fortune en déplacements et soins divers, essayé des remèdes de grand-mère et suis même allée voir une psychologue spécialisée dans les problèmes de peau… rien à faire.
Retour à la vie d’ado
Alors que mon visage n’avait pas souffert plus que ça du grand chambardement hormonal qui accompagne l’adolescence, à l’aube de mes 30 ans, je ressemblais à une caricature de Claire Brétecher, tant et si bien qu’on me redemandait ma carte d’identité à la caisse de la supérette lorsque j’achetais du vin de table pour la cuisine.
« Agrippine », Claire Brétecher.
Petit à petit, j’ai disparu de ma vie sociale. Je ne sortais que la nuit, rarement et uniquement sous une couche épaisse de maquillage non-comédogène. Je ne voyais que les amis proches, rasais les murs en crépis au travail (ça fait gommage) et m’énervais d’accorder autant d’importance à une telle futilité. Et puis ma vie s’est transformée en forum doctissimo real life, chacun y allant de sa théorie bienveillante pour expliquer la raison de ce mouchetage tardif.
La guerre des boutons
Parmi les nombreux conseils sollicités ou spontanés, j’ai entendu de quoi écrire un bouquin complet sur le sujet.
On m’a fait arrêter le sucre sous toutes ses formes, les produits laitiers et/ou transformés ainsi que le gluten, pendant 6 mois. En gros je pouvais manger des légumes verts avec un filet d’huile « pour le plaisir » ou des sardines en boîte. Il s’agissait peut-être d’un déséquilibre de mes entrailles dû à une prise d’antibiotiques à un moment de faiblesse. Régime-tristesse? Aucun résultat.
On m’a révélé que des mauvaises énergies parasitaient mon enveloppe charnelle et que cette infestation se manifestaient sous la forme de ce que j’apparentais désormais à la peste bubonique. J’ai subi divers nettoyages et démarraboutages, parfois pittoresques. Aucun résultat.
On m’a dit que j’agressais trop ma peau, et que, même si je n’avais rien changé à ma « routine » depuis des années, les produits que j’utilisais étaient trop agressifs. On m’a donc suggéré « la technique de l’homme de Neandertal » qui consiste à ne plus se laver du tout. Je n’ai pas voulu en arriver là, mais ai accepté de ne me laver qu’à l’eau pendant une période donnée. Aucun résultat.
On a suspecté que je ne m’exprimais pas assez. Apparemment, mon mal-être intérieur s’extériorisait sur mon visage, et uniquement là, pour que je « sois obligée de regarder le problème en face ». À l’époque, je n’étais pas super heureuse de mes conditions de travail, mais de là à me transformer en cabine de pilotage, fallait pas pousser! Et honnêtement, l’origine de ce « mal-être » était totalement et uniquement lié à cette « pizzaface »… j’étais donc coincée.
Certains ont même suspecté que l’encre de mes tatouages empoisonnait mon organisme en continu et qu’à moins de me raser à l’épluche-légumes pour les faire disparaître, j’étais condamnée.
Huiles essentielles, méditation, aloe vera, cures diverses de levure de bière et autres spirulines? Aucun résultat.
Je précise que, cette étrange période ayant duré plus de deux ans, j’ai toujours pris soin de laisser le temps d’agir aux remèdes. « Attends au moins 3 mois pour voir les résultats! »… Aucun résultat.
Grosse erreur
Ma vie ne pouvant se résumer à me lamenter dans ma salle-de-bain et à me cacher de la lumière telle la goule photosensible que j’étais devenue, je suis allée voir un dermatologue. La réponse a été sans appel, je ne retrouverai mon apparence qu’au prix d’une cure du si controversé Roaccutane, avec en bonus, la possible obligation d’en prendre à vie.
Désespérée, j’ai succombé à la tentation et ma mue ne s’est pas faite attendre. En à peine un mois, ma peau était éclatante, lumineuse et surtout lisse comme celle des filtres Snapchat. Mon teint méditerranéen s’était étrangement fait la malle avec les nombreuses imperfections, mais je m’en fichais. J’étais à nouveau moi-même, obligée de mettre de l’écran total 4x par jour, mais j’étais de retour!
Le repos a été de courte durée. Les effets secondaires m’ont rattrapée après quelques semaines. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Roaccutane desquame. Ma peau et mes muqueuses se sont affinées. La moindre griffure devenait douloureuse. Mes gencives étaient constamment irritées et je ne supportais plus ni les aliments trop chauds, ni trop froids. Par beau temps, je ne sortais jamais sans mon pépin, afin de me préserver du soleil qui m’agressait. La peau étant la première barrière aux attaques externes, j’étais souvent malade, molle, fatiguée, pourrie… mais ma peau, elle, était toujours superbe. Souffrir pour être belle ok, mais pas mourir à petit feu!
J’ai donc arrêté et les boutons ont rappliqué.
Et finalement!
En week-end avec ma super pote Marion, planquée sous un parapluie en pleine canicule, je m’étais faite à l’idée que mon visage serait une constellation infinie, et que, ma foi, il y avait pire condition.
Jamais malade, peau radieuse, Marion me confie faire des cures d’argile depuis des années et m’encourage à en faire de même. L’argile a des vertus magiques, que ce soit par voie interne ou externe. Puissant aspirateur à toxines, c’est aussi un redoutable vermifuge. En cataplasme, l’argile soulage les maux musculaires, les entorses et purifie la peau. Dans mon cas, il fallait l’ingérer pour en connaître les bienfaits.
Marion me conseille l’argile ultra ventilée. Mon choix s’est porté sur de l’argile blanche, qu’on trouve en pharmacie et en droguerie. On en saupoudre l’équivalent d’une cuillère à café* à la surface d’un verre d’eau qu’on laissera reposer, couvert, au réfrigérateur toute une nuit. (Je vous rassure, pas besoin de le faire un soir de pleine lune, ni de se procurer de la bile de dragon). Le lendemain, l’argile, en bon sédiment, s’est amassée au fond du verre. On peut alors, à jeun, boire cette eau très subtilement troublée, sans finir le dépôt (aucun danger mais ça peut constiper!) et répéter l’opération pendant quelques jours à 1 mois.
Et là: résultats! Après une semaine déjà, je ne ressemblais plus à la « Carte du Maraudeur » un jour de portes-ouvertes à Poudlard. Après 3 semaines, j’étais complètement débarrassée de toutes impuretés, seules restaient les quelques cicatrices d’anciens stigmates, et là, il n’y a que le temps (et l’aloe vera) pour y remédier.
Épilogue
3 ans après, je n’ai pas eu de rechute. Je fais encore deux à trois cures d’argile par an, en prévention, et comme Marion, je n’attrape plus la grippe saisonnière. Je ne suis pas persuadée que ce remède fonctionnera pour tout le monde, mais une chose est sûre: les problèmes de peau viennent généralement de l’intérieur, à moins d’une allergie à la lessive par exemple, et c’est donc de l’intérieur qu’il faut combattre l’ennemi… un peu comme le système!
Aujourd’hui, je n’ai toujours pas eu le fin mot officiel de cette histoire. Trop de toxines passaient dans mon organisme, mes filtres naturels étant sûrement en grève partielle après les antibios, sûrement, mais je n’ai pas d’autres explications. J’en ressors grandie évidemment. J’ai rencontré une faune hétéroclite passionnante et appris beaucoup à leur contact. J’ai évidemment fait le tri dans les innombrables informations reçues et me suis rendue compte que j’étais aussi contente, après tout, d’être passée par là. Au final, chaque expérience est bonne, même si elle est mauvaise.
Un grand merci à Marion pour ce « bon tuyau » qui m’a rendu ma peau. Puisse sa sagesse éclairer le visage d’autres boutonneux!
Leïla Rölli
*N’utilisez pas de cuillère en métal avec l’argile, préférez le bois.
Quand les filles essaient de cacher leur acné