GREENPEACE: MOINS MAIS MIEUX 1ère PARTIE

Cloé détaille le dernier rapport de Greenpeace sur l'industrie de la viande

Avretissement: Cloé de greeneat_ch décrypte pour nous le rapport de Greenpeace paru le 5 mars. Son compte rendu étant très complet, il sera publié en plusieurs parties.

 

GREENPEACE: MOINS MAIS MIEUX – 1ère PARTIE

Bonjour, bonsoir !

Aujourd’hui j’ai la lourde (et longue) tâche de vous parler du dernier rapport que Greenpeace a sorti et qui traite de l’impact des produits animaux sur l’environnement et la santé. Je vous préviens, c’est long mais TRÈS intéressant (Si vous êtes vraiment trop flemmards, lisez au moins les deux premières parties afin de vous faire une idée du pourquoi du comment et de la volonté de Greenpeace. Pour le reste, vous pouvez déjà avoir un petit aperçu en lisant les phrases sous « quelques chiffres »)

Les impacts sur l’environnement d’une consommation de produits animaux sont de plus en plus décriés par les milieux scientifiques et les associations de défense de l’environnement sont souvent critiquées pour leur absence de prise de position concernant ce sujet. Si vous n’avez pas encore visionné Cowspiracy, c’est le moment !

Jusqu’alors, les sections suisses de Greenpeace et du WWF avait déjà fait quelques campagnes timides à ce sujet, qui semble trop « controversé » pour en faire quelque chose de trop « bruyant » et politisé, voyez plutôt:

Greenpeace: Envie fatale et WWF: Viande et produits laitiers

MAIS : Greenpeace a publié le 5 mars un rapport intitulé « Moins mais mieux – Moins de viande & de produits laitiers pour une planète en bonne santé » basé sur des recherches scientifiques et rempli d’infographies/schémas extrêmement parlants !

Celui-ci se compose de 3 chapitres : Le premier sur le projet envisagé par Greenpeace ; Le deuxième sur l’impact des produits animaux sur l’environnement ; Le troisième sur l’impact des produits animaux sur la santé. (Cet article est consacré au premier chapitre, deux articles supplémentaires sont prévus pour aborder les autres sujets.)

Ce que je vous propose ici, c’est de vous expliquer les grandes lignes de ce rapport.

La raison de ce rapport

Pourquoi l’ONG Greenpeace s’est-elle lancée sur un tel sujet ? L’avant-propos du rapport expose les raisons qui l’y ont poussé :

« Nous devons changer radicalement la manière dont nous produisons nos aliments si nous voulons arriver à nourrir 9 à 10 milliards de personnes en 2050 sans détruire la planète de façon irréversible. »

Ils se sont en effet rendu compte que les produits animaux étaient la composante la plus néfaste pour l’environnement dans notre alimentation actuelle et ce, même s’ils sont produits de manière soi-disant DURABLE !

« Produire les mêmes aliments que ceux que nous consommons aujourd’hui, même en le faisant de manière plus durable, ne permet pas de diminuer suffisamment les impacts environnementaux pour protéger la planète pour nos enfants et leurs enfants. »

Donc même si l’on transformait tous les élevages intensifs en élevage plus respectueux de la nature (pâturages, alimentation locale pour le bétail etc…), en continuant à en consommer autant que la plupart des gens le font actuellement, ça ne serait PAS VIABLE !

Ce rapport ne se veut cependant pas porteur d’une « idéologie » végane ou antispéciste. Même pas végétarienne :

« Je ne suis pas motivé par une idéologie végétarienne ou végétalienne, ni par une volonté de devenir un « écoguerrier »; ce sont uniquement les éléments scientifiques qui m’amènent à faire ce constat. La nécessité de réduire la demande de produits issus de l’élevage est désormais un constat largement partagé dans le monde scientifique. »

Bref, ce document se base sur des faits sur lesquels la majorité de la communauté scientifique s’accorde !

Quelques chiffres :

  • « Plus de 30 % des cultures mondiales servent à nourrir les animaux »
  • « […] la viande de ruminants a une empreinte carbone 100 fois supérieure à celle des aliments végétaux. Nous ne parlons pas ici de pourcentages, mais d’une multiplication par 100 ! »

Chapitre 1 : Le projet de Greenpeace

 

« Greenpeace appelle à une réduction de 50 % de la production et de la consommation de produits d’origine animale d’ici à 2050. »

En effet, la solution la plus envisageable pour garantir un avenir vert et sain pour les générations futures, c’est de baisser notre consommation de produits animaux.

« Ce rapport montre clairement que le système d’élevage actuel est l’un des secteurs qui détermineront notre avenir et notre survie sur la planète. Greenpeace pense que ces nombreuses données scientifiques doivent se traduire par des mesures urgentes à l’échelle mondial. »

On peut avoir l’impression que tous les « types de viandes » n’ont pas le même impact sur l’environnement, c’est pour cela que Greenpeace a choisi une approche prenant en compte tous les produits d’origine animale, de leur production à leur consommation. L’exemple parfait est celui du poulet qui semble avoir une empreinte écologique bien plus faible que celle du bœuf, cependant, celle-ci est de plus en plus élevée du fait de la hausse de la consommation et des méthodes de production utilisées pour répondre à la demande !

« La production de cochons et de poulets représente 70 % de la production totale de viande à l’échelle mondial. »

Certains peuvent avoir l’impression que la consommation de viande diminue du fait de la percée des flexitariens/végétariens/vegan ces dernières années. Cependant, les études démontrent le contraire.

Les progressions les plus fortes ont lieu en Inde et en Chine, pays dont la tradition fortement végétale est en train de dépérir de par l’exemple donné par la décadence du modèle occidental et l’attrait pour la consommation de produits animaux et manufacturés (autant viande que produits laitiers) que celui-ci amène.

Combien d’animaux sont abattus sur terre chaque année pour notre consommation ?

76 milliards

« Le nombre de poulets, de cochons et de bovins abattus par habitant a plus que triplé entre 1961 et 2009, pour atteindre plus de 10 animaux abattus par personne sur Terre en 2009. »

Nous sommes donc bien loin des quantités du début du 20ème siècle…

Cela représente env. 10 « têtes » par être-humain. Or, il y a une énorme disparité au niveau mondial puisque:

«Dans le même temps, plus de 800 millions de personnes manquent de nourriture tandis que près de deux milliards sont en surpoids. »

Le projet de Greenpeace a pour but de participer à atteindre les objectifs des accords de Paris et donc à limiter le réchauffement moyen à 1,5 degrés. Or,

« […] les émissions de GES issues uniquement de l’agriculture utilisent presque la totalité du quota d’émissions permettant de ne pas dépasser 1,5º C d’ici à 2050 pour tous les secteurs, y compris l’énergie, l’industrie, les transports et d’autres secteurs (21 3 milliards de tonnes de CO2e par an) ».

L’élevage compte actuellement pour 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit à peine plus que le secteur des transports. Cela pour un produit dont aujourd’hui, nous n’avons plus le besoin puisque nous avons accès à une alimentation végétale couvrant tous nos besoins nutritionnels ! Si l’on ne change rien à notre mode de consommation actuel, ce pourcentage n’en finira pas d’augmenter…

« Une réduction de 50 % de la production de viande et de produits laitiers d’ici à 2050 par rapport aux niveaux actuels permettra de diminuer les émissions de GES liées au secteur agricole de 64 % par rapport aux émissions prévues selon les trajectoires de référence pour 2050. »

Greenpeace prône une « agriculture écologique », c’est-à-dire un système qui garantit la sécurité alimentaire tout en minimisant les dégâts environnementaux. Cela se traduit par l’utilisation de pâturages et d’utilisation de résidus de culture comme nourriture principale pour le bétail.

Mais bien entendu, cela implique principalement une diminution de la consommation de produits animaux puisque le passage à des modes d’élevage plus « durables » n’est pas envisageable pour une demande aussi élevée !

Qu’est-ce que représente une réduction de 50% de notre consommation ?

300g. de produits carnés et 630g .de produits laitiers par personne chaque semaine !

Ce projet se veut également garantir un monde plus égalitaire concernant l’accès aux ressources : une baisse drastique de la consommation de protéines animales pour les populations « aisées », mais une hausse modérée pour les populations n’ayant actuellement pas accès à ces produits du fait de leur niveau social.

« Il est possible d’obtenir un avenir plus équitable fondé sur le partage des responsabilités pour la sécurité alimentaire, ainsi qu’en matière de responsabilité climatique, si les pays occidentaux et les catégories les plus aisées de toutes les sociétés du monde prennent l’initiative d’adopter peu à peu une alimentation plus riche en végétaux. »

Finalement, cette transition devra se faire dans le respect et l’accompagnement des éleveurs pour les aider à changer leur système de production ou les faire se réorienter vers la production de végétaux.

Quelques chiffres :

  • « Si nous ne faisons rien, en 2050, les émissions de GES liées au système alimentaire représenteront plus de la moitié de l’ensemble des émissions anthropiques mondiales. »
  • « Les produits d’origine animale sont responsables d’environ 60 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation »
  • « Le système alimentaire est en outre à l’origine de 80 % de la déforestation en cours dans certaines des forêts les plus riches en biodiversité qui persistent sur Terre, l’élevage et les cultures destinées à l’alimentation animale étant le principal facteur de cette destruction »
  • « Entre 1990 et 2013, tandis que la consommation mondiale de bœuf par habitant a diminué de 10 %, celle de porc a augmenté de 23 % et celle de volaille de 96 %. »

 

Cloé Dutoit

Retrouvez toutes les recettes de Cloé (in english, please!) sur son site: Greeneatch.wordpress.com et sur son compte Instagram