BALI: ENTRE DÉCHETS, TRAFIC ET DÉSILLUSION

Cloé revient de son voyage de rêve avec un goût amer

Cloé de greeneat_ch est notre référence en matière de style de vie vegan. Dans ce nouvel article, elle nous raconte l’envers du décor de son voyage à Bali. Ce grand périple a été une véritable leçon de vie, un enseignement qui lui a fait réaliser que partir si loin n’était pas une si bonne idée et qu’il devient vraiment très urgent de changer nos habitudes de consommation.

« Oh vous verrez, Bali c’est in-croy-able ! »

« Les rizières, les paysages, les sourires, les temples. Magnifique ! »

Avec tout ce que mon copain et moi avions entendu avant d’aller à Bali, on ne pouvait pas faire plus excités que nous à l’idée d’y être. Et pourtant, avec cet article, j’espère vous convaincre que non, Bali n’est pas une destination si idyllique que cela. Et si j’arrive même à vous convaincre de laisser tomber les voyages super lointains et de partir à la découverte de l’Europe à la place, si possible en train, là j’ai vraiment atteint mon but !

On ne va pas se mentir, voyager à l’autre bout du monde c’est quand même tentant et ça peut être très enrichissant : découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux endroits, s’émerveiller devant les richesses de la nature etc.
Donc si vous vous décidez quand même à entreprendre un tel voyage, je dédierai un prochain article aux bonnes habitudes à prendre pour que vos vacances soient les moins dommageables possibles pour l’environnement !

Voyage

Bref, tout heureux que nous étions de partir en voyage, on a commencé par une dizaine d’heures d’avion. Bonjour les tonnes de kérosène, ça on est au courant… (vous pouvez consulter cet article sur le sujet: Compenser ses émissions avec My Climate  )

Mais bonjour le plastique et les déchets également : obligés de prendre le paquet d’écouteurs avec adaptateur pour l’avion, plateau-repas avec boisson dans des gobelets en plastique, services emballés, contenants en plastique etc.
Bref, le paradis des objets en plastique à usage unique. On se rassure en se disant qu’au moins notre menu vegan a un impact environnemental moins élevé que le repas des rangées voisines… Et puis on évite les verres en plastique et l’eau sous opercule en ayant emmené avec nous une gourde vide qu’on a remplie d’eau avant le boarding !

Sur place

Le trafic

Une fois arrivés là-bas, première chose à faire : trouver le chauffeur qui nous amène à l’hôtel. En effet, pas de train et je n’ai pas eu connaissances d’autres transports « publics » fiables et sûrs…
Là-bas, le trafic est d’une intensité folle : des taxis, des chauffeurs, des scooters. Et les normes environnementales des voitures sûrement pas très à jour, de celles qui vous noircissent les poumons en deux deux.
Si on remplissait toutes les voitures au maximum, on pourrait clairement réduire de moitié, voire même plus, le nombre de voitures, mais bon, le même problème se pose chez nous…
Le pire endroit niveau trafic, c’était Ubud. La masse de voitures et de scooters est juste impressionnante et casse totalement la magie et la spiritualité de l’endroit. Sans même parler des personnes qui vous accostent tous les 10 mètres en criant « TAXI ? ».
Il semblerait que des projets aient été étudiés pour éviter tout ce trafic au centre d’Ubud, avec des systèmes de navettes (un peu comme au Mont Saint-Michel), mais rien n’a l’air de plaire au gouvernement. Donc les habitants et les touristes devront faire avec pour le moment…

Les déchets

Ce point-ci est celui par lequel nous avons été le plus choqués.
On avait déjà lu que l’Indonésie était le 2ème plus gros « déverseur » de déchets plastique dans les eaux, mais on ne s’attendait pas à une chose d’une telle envergure. Les photos parlent d’elles-mêmes :

Il y en a sérieusement PARTOUT même dans les endroits « sacrés ». La plupart des gens jettent les déchets par la fenêtre de la voiture, mangent quelque chose et jettent l’emballage par terre. Là bas, près de 6 millions de bouteilles d’eau y sont utilisées chaque année, tout est vendu emballé dans du plastique et on vous donne un sac plastique à chaque achat…

Bien entendu, le tourisme de masse a une grande part de responsabilité, mais la problématique est également local ! La majorité de la population n’est pas du tout informée des effets nocifs du plastique sur l’environnement et elle qui était jadis habituée à tout emballer dans des feuilles de bananier et autres contenant naturels, se débarrasse des emballages plastiques et autres n’importe où, ou alors, les brûlent. De même, les offrandes qui sont faites par millions chaque jour là-bas contiennent parfois des bonbons emballés dans du plastique, voire même des cigarettes ! Or, ceux-ci s’envolent. On en retrouve même juste devant l’océan…

Il n’y a pas de réel système de gestion des déchets, ni de poubelles. Les déchets – s’ils sont ramassés – finissent dans des décharges sauvages et/ou sont brûlés à l’air libre. Entre la pollution des sols et la dangerosité pour les animaux, rien ne va.

On peut même trouver ce genre de poubelles sur la plage :

Autant vous dire qu’y jeter quelque chose revient carrément à jeter directement dans l’océan…

Les coraux

Ayant passé quelques jours à Amed – endroit renommé pour la plongée et le snorkeling – nous avons loué masques et tubas pour aller observer les coraux qui se trouvaient à seulement quelques mètres de la plage. Et quelle tristesse : Des coraux blancs. Il y avait tout de même pas mal de vie sous-marine, mais les coraux étaient vraiment mal en point.
Probablement la faute aux substances nocives des crèmes solaires dont les touristes se badigeonnent, ainsi qu’à ceux qui ne font pas attention et touchent les coraux. Sans oublier tout le plastique qui se déverse dans l’océan…

Les animaux

Un point un peu différent, mais nous avons vraiment été choqués par la quantité de chiens dans les rues. Il y en avait tellement ! Certains dans des états vraiment pas terribles. Il y a probablement un gros problème de stérilisation et de prise en charge. Cela conduit malheureusement au massacre de plusieurs milliers de chiens chaque année, qui, selon des enquêtes menées sur place seraient parfois servis aux touristes à la place du poulet (mangez vegan on vous dit) :

En plus des chiens que l’on trouve partout, il y a les poules et les coqs qui se baladent en liberté (mais finiront quand même dans une assiette tôt ou tard). Certains coqs sont enfermés dans de petites cages en bois en vue de servir de coqs de combat… Vous en verrez même parfois des teints. Une horreur.

On voit également des bœufs/vaches attachés dans des champs en plein soleil ou encore des stands près d’attractions touristiques qui vous proposent de vous prendre en photo avec une pauvre chauve-souris attachée, au soleil, en plein jour, ou un serpent enfermé dans une boîte toute la journée…

Et puis il y a les singes qui font partie d’une des « attractions » touristiques phares d’Ubud, la Monkey Forest. Nous ne voulions pas y aller pour des raisons éthiques et nous avions raisons, puisque bien que les singes soient en liberté et peuvent sortir de ce vaste endroit, quand nous sommes passés près des murs, des gardes tiraient avec des lance-pierres sur les singes qui s’aventuraient trop loin. Super…

Le mot de la fin

Comme vous l’aurez remarqué, on est bien loin des rizières, des sourires, des temples et de la spiritualité. Et j’aurais encore pu vous parler d’un autre problème engendré par l’afflux de touristes qui est celui des constructions massives un peu partout qui aboutissent ou non.

Bien entendu, la majorité des personnes allant là-bas passe un superbe séjour, mais dès que l’on est un tant soit peu sensible à l’environnement et à toutes les choses dont j’ai pu parler ci-dessus, ça devient très compliqué.

On a passé nos journées à manger vegan et à boire des jus avec des pailles durables, mais il y avait comme un arrière-goût amer dès qu’on sortait et qu’on faisait face à toutes les autres choses.

Voilà voilà, on dit que les voyages laissent des traces et changent les gens et bien nous, nous sommes rentrés de ce voyage avec la volonté de faire changer encore plus les choses !

Et nous ne sommes pas les seuls puisque même si cet article relate une situation quelque peu désespérée, il y a des associations à Bali qui tentent également de changer les choses là-bas. Donc si vous y partez un certain moment, n’hésitez pas à vous engager auprès d’elles :

Et si vous voulez un article encore plus complet sur la situation : baliautrement.com

En espérant avoir pu vous ouvrir les yeux sur la réalité pas si paradisiaque de cet île, à tout bientôt pour un prochain article !

Cloé Dutoit

Retrouvez toutes les recettes de Cloé (in english, please!) sur son site:

Greeneatch.wordpress.com et sur son compte Instagram