ABEILLES: LE CANADA VA BANNIR LES NÉONICOTINOÏDES

Traduction de l'article paru sur The Globe And Mail

Vers une interdiction totale des

néonicotinoïdes au Canada

Selon le site The Globe And Mail, des pesticides liés à l’augmentation du déclin des abeilles mellifères seront bannis du Canada dans les années à venir.

Le gouvernement fédéral commencera par éliminer l’utilisation en plein air des pesticides de la familles des néonicotinoïdes à partir de 2021, dans le cadre d’un effort visant à enrayer le déclin mystérieux des colonies d’abeilles mellifères dans le monde.

Ce mercredi 14 août, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire du Canada a annoncé l’élimination progressive, sur trois ans, de deux des trois principaux pesticides à base de néonicotinoïdes dont l’utilisation est actuellement autorisée dans le pays, selon les indications reçues par la Presse canadienne.

L’agence a déjà annoncé son intention d’éliminer graduellement le troisième pesticide pour tous les usages extérieurs, ce qui signifie qu’il ne pourra pas être pulvérisé ou utilisé pour prétraiter les semences avant la plantation.

Néonicotinoïdes?

Les néonicotinoïdes, ou néonics, sont une classe de pesticides utilisée par des agriculteurs et jardiniers amateurs pour lutter contre les parasites comme les pucerons et les tétranyques. Les scientifiques accusent ces produits chimiques d’affaiblir les abeilles (NDLR: en s’attaquant directement à leur système nerveux), ce qui les rend plus vulnérables aux maladies et aux intempéries.

La décision de ce mercredi marquera l’achèvement de près de six ans de travail de l’Agence et fait suite à une interdiction similaire de l’Union européenne qui prendra effet à la fin de l’année.

Les groupes environnementaux se disent heureux de voir le Canada aller de l’avant avec une interdiction, mais déplorent le délai de cinq ans, trop long, pour que l’interdiction complète soit effective.

« C’est une décision très importante », a déclaré John Bennett, conseiller principal en politique chez Friends of the Earth Canada.

 

Le Canada se distingue des USA sur le sujet

Selon M. Bennett, Health Canada se démarque significativement de L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA), ce qui est inhabituel, car le Canada et les États-Unis sont généralement en accord sur ce genre de décisions.

Alors que l’EPA n’a pas encore pleinement annoncé sa décision concernant toutes les applications de néonicotinoïdes, la semaine dernière, le Service américain de la faune et de la pêche a levé une interdiction existante qui empêchait leur utilisation dans les réserves fauniques.

Le phénomène des effondrements de colonies d’abeilles a commencé il y a environ 15 ans et des études ont établi un lien entre la « mort des abeilles » et les néonicotinoïdes.

L’an dernier, un groupe de travail de l’Union internationale pour la conservation de la nature procédé à un examen complet de plus de 1100 études de recherche évaluées par des pairs sur les néonicotinoïdes et conclu qu’il ne faisait aucun doute que ces substances nuisent aux abeilles.

Un déclin plus qu’inquiétant

Les abeilles sont touchées par les néonicotinoïdes lorsqu’elles volent à travers les nuages résiduels après pulvérisation des pesticides ou par la consommation de nectar des plantes traitées. Le déclin des abeilles représente un problème majeur pour les sources alimentaires, car environ un tiers des cultures vivrières ont besoin de pollinisateurs pour leur production.

En juillet, l’Association canadienne des apiculteurs professionnels a signalé que près de la moitié des abeilles en Ontario étaient mortes au cours de l’hiver, tandis qu’au Canada, environ un tiers de toutes les abeilles ont péri durant l’hiver particulièrement froid.

Jim Coneybeare, président de l’Association des apiculteurs de l’Ontario et apiculteur du sud-ouest de l’Ontario, a déclaré « Il y a 10 ans en arrière ou avant, un hiver extrêmement froid comme celui de 2018, aurait entraîné des pertes élevées, mais pas autant que celle que nous venons de vivre ».

Selon lui, les néonicotinoïdes ne sont pas la seule chose qui nuit aux abeilles, mais ils jouent un rôle certain. « C’est un facteur de stress ».

Coneybeare a déclaré qu’il gardait environ la moitié de ses ruches dans des zones où les néonicotinoïdes ne sont pas très utilisés et que ces ruches ne subissaient qu’une perte de 10 à 15%. Les ruches dans les zones avec plus de néonicotinoïdes ont enregistré des pertes supérieures à 65%.

Les apiculteurs qui perdent plus de 20% de leurs abeilles doivent diviser les ruches et acheter de nouvelles reines pour en faire de nouvelles colonies – une étape coûteuse qui limite la production de miel jusqu’à la récupération des colonies. Comme tant d’abeilles en Amérique du Nord meurent, trouver des reines devient également plus difficile, rapportent les apiculteurs.

L’interdiction a été trop longue à venir, a déclaré M. Coneybeare, ajoutant qu’il ne comprend pas pourquoi il faudra cinq ans pour être qu’elle soit pleinement mise en œuvre.

Traduction En Vert Et Contre Tout

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