LE RECYCLAGE N’EST PAS LA SOLUTION !

Cloé a traduit pour nous un article du journal anglais "Independant"

Cloé de greeneat_ch est notre référence en matière de style de vie vegan. Dans ce nouvel article, elle nous résume l’enquête parue dans le journal anglais Independent démontrant que le recyclage n’est qu’une fausse bonne idée.

« Moi je recycle mes déchets, c’est déjà super pour l’environnement ! »


« Ah vivement le jour où on aura la possibilité de recycler tout le plastique ! »

Vous faites partie des personnes ayant ce genre de propos ou au contraire vous voulez leur prouver qu’ils ont tort de croire que le recyclage c’est LA solution ? Eh bien cet article est fait pour vous !
Aujourd’hui, je vous propose la traduction d’un article du journal anglais « Independent » dont le titre est :

« Tout ce qui vous a été dit sur le plastique est faux :

Le recyclage n’est pas la solution »

Le recyclage est une échappatoire facile pour les gouvernements et les grandes entreprises, mais la vérité est qu’il nous faut prendre des mesures très différentes si nous voulons arrêter d’empoisonner la planète de façon irréversible.
Allez à la cuisine, ouvrez votre réfrigérateur et vos armoires, et retirez tout ce qui est en plastique. Des paquets de pâtes, de riz, des bouteilles d’huile d’olive ou de sauce soja, du fromage, des bouteilles de lait et de jus, des emballages de viande et de poisson, des paquets d’épinards, une salade emballée, des barquettes de tomates cerises, du produit vaisselle, des éponges. La liste est longue – et ce n’en est qu’une partie.

Mais ça ne vous semble pas problématique, juste ? Parce que vous recyclez.

Peut-être bien que l’on se dit cela car nous avons subi un « lavage de cerveau » : si nous nous contentons tous de prendre quelques boîtes de tri et d’y mettre nos déchets, ils seront ramassés et triés par de gentilles personnes qui les feront disparaître par magie sans aucune conséquence négative.

Le recyclage c’est un peu comme fermer les yeux…

Le recyclage c’est un peu comme fermer les yeux, se mettre les doigts dans les oreilles et faire comme si de rien n’était pour snober ses parents quand on était enfants. Pendant que nous agissons de manière puérile, la vie marine s’éteint rapidement, notre air est tellement pollué que les limites « acceptables » sont souvent dépassées, les catastrophes naturelles sont plus dévastatrices que jamais et, bien sûr, le réchauffement climatique devient certain et le nombre de degrés en plus sur Terre ne fait que croître chaque année.

Mais heureusement aujourd’hui, certains d’entre nous ont reçu un signal d’alarme. Les nouvelles selon lesquelles le gouvernement anglais envisage de changer la façon dont le plastique est recyclé en Angleterre ont réveillé un intérêt chez la population anglo-saxonne afin de savoir la manière dont leurs déchets étaient recyclés. [Je vous rappelle qu’il s’agit d’un article anglais] La réponse est : Pas vraiment de manière efficace du tout.

De tout le plastique que vous pouvez retrouver dans votre cuisine, les deux tiers ne peuvent pas être recyclés (si vous inspectez soigneusement les emballages, vous verrez qu’une grande partie indiquent « non recyclable actuellement » dans un texte microscopique). Même le papier thermique sur lequel vos tickets de caisse sont imprimés contiennent du BPA et ne peuvent être recyclés. [En Suisse, certains grands distributeurs proposent des tickets sans BPA. Comme la Coop par exemple.]

Nous devons ouvrir les yeux sur la quantité de plastique qui se retrouve dans la nature, mais peut-être un point plus important encore, nous devons changer l’idée que l’on se fait du recyclage. Quand il s’agit de plastique, ce n’est pas une solution – c’est la solution de dernier recours.

Une industrie qui pèse des centaines de milliards de dollars

Le recyclage n’est pas quelque chose que les gouvernements ou les organismes de bienfaisance pratiquent par bonté d’âme – c’est une industrie qui pèse des centaines de milliards de dollars à l’échelle mondiale. Une baisse des prix du pétrole ou un changement dans la politique environnementale en Chine a le pouvoir de rendre le recyclage du plastique beaucoup moins rentable pour les entreprises qui le pratiquent, ce qui en fait une industrie souvent inintéressante pour elles. En conséquence, 70% des plastiques potentiellement recyclables en Europe finissent dans des décharges, dans les océans ou sont incinérés, ce qui entraîne la libération de toxines dévastatrices dans l’environnement.

Le plastique – contrairement au verre ou au métal – ne peut pas être recyclé à l’infini, et après quelques cycles de recyclage, il se retrouve dans la nature où il mettra des siècles pour se dégrader. Une simple bouteille d’eau en PET restera sur la planète sous une forme ou une autre pendant au moins 450 ans.

Et même si le plastique était facilement et infiniment recyclable, il reste néanmoins fabriqué à partir de pétrole brut souvent obtenu par des méthodes telles que la fragmentation, l’un des procédés les plus nocifs pour l’environnement, qui produit des émissions de carbone et contamine les zones environnantes, mettant la santé des personnes vivant à proximité en danger immédiat.

Les plastiques à usage unique devraient être

immédiatement interdits ou au moins lourdement taxés.

Il est clair que quelque chose doit changer, mais ça ne passera pas par le recyclage. Si nous voulons vraiment nous attaquer à l’impact dévastateur du plastique à usage unique, la réponse est simple : les gouvernements doivent se concentrer sur l’arrêt total de sa production.

Les plastiques à usage unique devraient être immédiatement interdits ou, au moins lourdement taxés. Non, ce n’est pas une solution radicale : le gouvernement britannique légifère de manière constante contre les dangers que l’on s’inflige à nous même. Par exemple, le statut illégal du cannabis est basé sur le fait qu’un infime pourcentage de personnes peut développer des problèmes de santé à la suite de sa consommation, alors que le tabac, l’alcool et le sucre sont soumis à une taxation punitive basée sur l’idée qu’ils ne sont pas très bons pour nous alors nous devons payer autant que possible pour le « plaisir » de nous empoisonner.

Or, le plastique empoisonne la planète et ne semble pas être prêt à cesser de le faire. L’impact du changement climatique est en grande partie irréversible, mais pas impossible à stopper – tout ce qu’il faudrait, c’est un choix qui mette le futur de l’Homme au-dessus d’une simple question de « praticité ». Les sacs en plastique, les pailles et les tasses à café jetables sont un début, mais tant que la fabrication de plastique à usage unique ne sera pas vraiment pénalisée, nous ne pourrons pas mettre fin à son ubiquité.

Il existe un petit nombre de cas dans lesquels le plastique à usage unique est inévitable, mais la très grande majorité de ces plastiques à usage uniques sont inutiles et pourraient facilement être supprimés ou remplacés. Si l’utilisation d’un autre type d’emballage – voire aucun emballage – pouvait faire engranger des bénéfices aux entreprises, nous verrions un réel changement dans l’impact environnemental de nos déchets. Les consommateurs peuvent déjà choisir d’opter pour un mode de vie sans plastique, mais ce n’est pas forcément facile. S’approvisionner en aliments, articles de toilette, produits ménagers et produits électroniques sans emballage en plastique prend du temps et peut coûter cher. Mais vivre sa vie de manière durable ne devrait pas être un choix de la gauche réservé à l’élite, ce devrait être la norme pour tous. Il incombe aux dirigeants politiques de faire en sorte qu’il soit impossible de tirer profit de la fabrication de plastiques à usage unique.

Le recyclage n’est donc pas une solution à la problématique du plastique : c’est une simple échappatoire facile pour les gouvernements lâches, les entreprises cupides et les consommateurs paresseux qui se cachent derrière l’excuse du recyclage et du tri. Il nous faut maintenant nous rendre compte de l’ampleur réelle de ce chaos environnemental dans lequel nous nous sommes retrouvés par notre faute si nous voulons réussir à changer les choses à temps – et nous devons le faire avant qu’il ne soit trop tard.

En conclusion

Comme vous l’aurez compris, cet article est basé sur la situation anglo-saxonne. Elle n’est ma foi pas si éloignée de celle de la Suisse : On nous appelle le pays du recyclage, mais nous sommes un des pays d’Europe à produire le plus de déchets par habitants. Nos déchets permettent donc d’enrichir les entreprises de recyclages, mais dans un même temps, tous les déchets que nous produisons ont nécessité des ressources pour leur production et il sera de même lors de leur recyclage, sans oublier le fait qu’énormément de nos produits sont emballés dans du plastique dont nous n’avons pas la possibilité de le trier.

C’est là que cet article prend tout son sens, il nous faut maintenant agir en AMONT sur notre consommation de plastique et non pas en AVAL par le biais du recyclage. La majorité des politiciens ayant de trop bons contacts avec les milieux industriels et agro-alimentaires, il nous sera difficile d’obtenir des mesures de leur côté (je vous rappelle d’ailleurs que le Conseil Fédéral ne veut même pas suivre l’UE dans sa lutte contre le plastique…  ). Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser les bras ! Chacun d’entre nous a le pouvoir de faire bouger les choses de son côté, en modifiant sa façon de consommer (magasins en vrac, marché, shampooings solides, gourdes, lunch box etc.) et en sensibilisant ses proches à faire de même ! L’effet boule de neige peut réellement porter ses fruits, et plus nous serons nombreux à agir de la sorte, plus nos chances de faire changer les choses à une plus haute échelle seront grandes, alors allons-y !!

Cloé Dutoit

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