LES ALTERNATIVES AUX ÉPONGES SYNTHÉTIQUES
Pas question de jeter l'éponge!
Habits, canapés, objets du quotidien, le plastique est partout et on commence à comprendre que c’est un très très gros problème. On a vu récemment que le recyclage du plastique n’était pas une solution et que la meilleure des choses à faire est simplement d’éviter le plastique dans notre quotidien, de remplacer le jetable par du durable lorsque c’est possible, et de favoriser les matériaux naturels.
Du coup, aujourd’hui on vous propose de commencer par un basique en vous encourageant à choisir une alternative durable aux éponges synthétiques qu’on utilise pour grattouiller nos casseroles et faire briller le fond de la douche.
Pourquoi les éponges synthétiques sont un problème?
La grande majorité des éponges synthétiques sont faites en mousse de résine plastique (souvent jaune) traitée avec divers produits chimiques pour lui donner sa couleur et augmenter sa résistance. Elles sont faciles à reconnaitre grâce à leur aspect homogène. Elles ne peuvent pas être recyclées et après quelques semaines d’utilisation, elles iront grossir les rangs des innombrables objets en plastique jetés par l’humanité.
Souci supplémentaire et non des moindres, plus on frotte, plus on use l’éponge et des petits fragments de plastique, parfois minuscules s’en détachent, contribuant à charger les eaux et les sols en micro-plastiques. Pas besoin d’attendre que l’éponge tombe en lambeaux pour ça, dès la première utilisation des petits grains se détachent déjà.
Parce que c’est assez intéressant à regarder, voici comment une éponge est fabriquée:
Éponges en plastique recyclé c’est mieux?
Non.
Pas besoin d’aller puiser du pétrole et de le transformer pour obtenir de la matière première, mais le recyclage c’est gourmand en énergie et l’usure et la pollution qui en découle sont identiques que dans le cas précédent. C’est donc kif-kif, sauf que c’est généralement vendu plus cher.
Et les éponges végétales de type industriel?
Non plus, même si c’est un poil mieux.
Reconnaissables grâce à leur aspect rappelant une biscotte, on pourra mettre les éponges végétales dans le même sac que les éponges synthétiques. Elles sont faites à base de viscose, donc dérivée de la cellulose qui est une pâte de bois et de sel, c’est donc assez écolo en théorie, mais malheureusement, elles sont aussi souvent traitées avec des substances chimiques antibactériennes et antifongiques. Elles ne sont donc biodégradables que si le fabriquant stipule clairement qu’elles ne sont pas traitées et si vous ne l’utilisez qu’avec des produits naturels.
Des chiffons en microfibres alors?
Encore une fausse bonne idée!
Vendus comme des solutions miracles écolos parce que permettant d’utiliser peu ou pas de produits, les tissus microfibres sont faits à base de tissus synthétiques et donc, une fois de plus, à base de plastique/pétrole.
La pollution est invisible, mais à chaque lavage, des milliers de micro-filaments finissent dans les eaux usées et échappent aux filtrent des stations d’épuration. Minuscules, elles agissent comme perturbateurs endocriniens sur les organismes lacustres et marins. Le problème est le même pour tout habit en matière synthétique, c’est pourquoi on devrait tous se balader nus… ou vêtus d’habits en coton, chanvre et lin bio et équitables.
ATTENTION AU BAMBOU!
Il existe de plus en plus de chiffon microfibre en bambou. On pourrait se réjouir, mais en général, la proportion de fibres de bambou ne dépasse pas les 20%, le reste est un mélange de polyester et de polyamide… et donc de plastique!
Alors on revient aux éponges naturelles?
Eh bien pas vraiment.
Les éponges sont des animaux. Bien qu’elles n’aient pas de systèmes nerveux et ne ressentent donc pas la douleur lorsqu’on en prélève un morceau, ce sont quand même des organismes qui sont apparus il y a près de 600 millions d’années et qui sont à l’origine de notre cerveau. Rien que pour ça, ça parait irrespectueux de les utiliser pour faire la vaisselle, nettoyer un tableau de classe ou comme protection hygiénique… car oui, après plusieurs siècles, c’est de nouveau tendance de s’enfiler un spongiaire dans le schnaps lorsque la mer rouge est à marée haute.
Mais si c’est naturel, que ça ne pollue pas et qu’il n’y a pas de souffrance animale, pourquoi c’est pas optimal? Qu’on s’entende, comparé à une éponge en plastique on est dans le top niveau écolo. Mais voilà, l’humanité est ainsi faite que lorsqu’un elle s’intéresse à une ressource, elle ne connait pas la parcimonie.
Aujourd’hui avec la prise de conscience écologique, la pêche et la culture d’éponges naturelles reprend du poil de la bête. Alors que Jean-Pierre Pernaut à sûrement diffusé un reportage sur « les derniers pêcheurs d’éponges » dans sa rubrique dédiées aux professions en voie d’extinction, le secteur est en totale résurrection et c’est bien là le problème.
Les éponges sont une ressource limitée, et même si elles sont bouturées pour être exploitées, on ne peut exclure que l’intérêt nouveau et grandissant qu’elles suscitent n’engendre pas un pillage irraisonné des fonds marins. Ces organismes font partie d’un écosystème précieux et fragile qu’il faut s’efforcer de préserver, voilà pourquoi l’éponge naturelle, à mon sens, n’est pas un bon choix. Pour le moment, les éponges ne sont pas en danger et elles sont relativement nombreuses dans les mers tempérées. Mais avec la pollution et la hausse des températures des mers, elles sont directement menacées, ça serait bien de ne pas précipiter leur déclin.
Bon et alors on fait quoi?
On utilise un tawashi! Originaire du japon, c’est l’objet chouchou de la communauté zéro déchet. Il en existe plusieurs sortes:
- les tricotés comme ceux que réalise Tipi Beanie dans les Alpes vaudoises en Suisse. En coton, ils se lavent en machine et s’utilisent de plusieurs années si on en prend soin. Pour récurer les casseroles, on peut les associer à de la poudre de nettoyage écolo ou, si vous n’êtes pas vegan, avec des coquilles d’œufs réduites en poudres. Ça ne raye pas, mais ça nettoie! On peut alors leur attribuer une couleur pour chaque application spécifique, le jaune pour la salle de bain, le rose pour la vaisselle, le bleu pour l’entretien de la cuisine etc. Vous en trouverez dans la plupart des magasins en vrac, si comme moi vos dix doigts sont fâchés avec les aiguilles à tricoter. On veillera à bien les faire sécher et à les laver régulièrement. Préférez des tawashis artisanaux, avec des cotons ecofriendly!
- Il existe aussi le tawashi tissé à base de vieilles étoffes, très efficace pour nettoyer la vaisselle. Simple à réaliser soi-même et tout aussi efficace, cela permet de donner une seconde vie aux vêtements et draps troués. Dans un souci de cohérence avec le propos de l’article, essayez de n’utiliser que des tissus sans plastique. Si vous avez des marmots, c’est une activité qui pourrait les occuper joyeusement! La marche à suivre dans les vidéos ci-dessous avec deux techniques différentes:
Éponge Konjac c’est bien aussi!
Là on part sur de l’éponge cosmétique. Comme nous l’expliquait Fanny dans un précédent article:
« L’éponge Konjac nous vient du Japon où elle est utilisée depuis des siècles, notamment pour la peau des bébés. Cette éponge magique est fabriquée à partir des racines d’Amorphophallus konjac, une plante qui pousse en Asie. Pas de chez nous me direz-vous, mais une éponge Konjac est réutilisable pendant environ 2 à 3 mois, pour un usage quotidien. »
Pour la douche l’éponge loofah, à faire pousser chez soi!
…Ou à acheter en magasin bio, vrac et dans certaines pharmacie aussi. C’est une super alternative car elle est totalement végétale, non traitée et totalement biodégradable. Plus communément destinée à se nettoyer le corps plutôt que pour faire la vaisselle (même si ça marche aussi), la Luffa aegyptiaca est une plante de la famille des cucurbitacées qui pousse assez bien par chez nous. Cette plante remplace avantageusement les « fleurs de bain » en plastique très populaires depuis quelques années.
Si vous avez de l’espace pour la cultiver à la maison, vous trouverez la marche à suivre ICI!
Leïla Rölli