RENONCER À LA VIANDE POURRAIT(LITTÉRALEMENT) SAUVER DES MILLIONS DE VIES HUMAINES

C'est le nouveau rapport du Forum économique mondial (WEF) qui le dit!

Publié le 3 janvier 2019, un nouveau rapport du Forum économique mondial (WEF) révèle que nous pourrions avoir un impact significatif sur la santé et la mortalité humaines en remplaçant la viande par d’autres sources de protéines végétales alternatives. Une diminution drastique de la consommation de produits carnés pourrait ainsi sauver des millions de vies humaines et réduire de façon spectaculaire de volume des gaz à effet de serre.

Pour produire 200 kcal d’aliments, la viande de bœuf émet 23,9 kilogrammes d’équivalent CO2, tandis que les alternatives à base de plantes ou les insectes n’émettent qu’1 kilogramme CO2 au maximum pour une quantité équivalente de nutriment. Remplacer la viande rouge contre des produits à base de plantes pourrait réduire les émissions provenant des aliments de près de 25%.

Selon Dominic Waughray, directeur général de WEF, l’objectif du rapport Alternative Proteins n’est pas de demander un arrêt complet de la viande, mais de plaider en faveur d’une augmentation de la disponibilité d’autres protéines plus durables favorisant une nette diminution de la consommation de produits carnés. Selon le rapport du WEF, en diminuant la part de viande et en augmentant la quantité de protéines végétales dans nos assiettes, comme les noix, les haricots blancs, certains légumes ou le fruit du jacquier, de nombreuses vies pourraient être sauvées.

Non seulement, ce changement de régime permettrait de minimiser les épisodes de famines à l’horizon 2050, lorsque la terre comptera 10 milliards d’habitants selon les estimations, mais il éviterait également de nombreuses maladies qu’on sait aujourd’hui liée à la consommation de viande.

Pour rappel, en 2015, l’OMS publiait un rapport attestant que chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement augmente le risque de cancer colorectal de 18% . La viande rouge, porc compris, quant a elle, est classée comme cancérogène « probable ».

Le WEF précise quant à lui que la viande rouge est corrélée à des taux de cholestérol et à une tension artérielle plus élevés, deux facteurs pouvant entraîner des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Notons encore que l’apport en fibres et en potassium de la bidoche est relativement faible.

D’après le rapport du WEF, l’ajout de viande rouge à l’alimentation augmente la probabilité de mortalité liée au régime alimentaire de 1,5% et qu’à contrario, l’incorporation de plus de protéines végétales riches en fibres, pourrait réduire le taux de mortalité de plus de 5% dans les pays riches.

Reste à savoir si une diminution de la mortalité est souhaitable lorsqu’on a déjà du mal à se gérer en n’étant « que » 8 milliards.

Que penser de viande de laboratoire?

Le document évoque également la recherche croissante sur la viande de bœuf fabriquée en laboratoire à partir de cellules musculaires prélevées sur des animaux anesthésiés localement…on est encore loin d’une solution idéale 100% cruelty free.

Sur un point purement environnementale, la viande cultivée artificiellement est une avancée positive, mais au niveau de la santé humaine, c’est kifkif bourricot. Pour assurer son aspect saignant ou rosé, le burger in vitro intègre un hème (un composé chimique non protéique contenant du fer dans le cas présent) qui serait justement corrélé à des risques pour la santé.

La viande cultivée en laboratoire, fait partie des nombreuses solutions de remplacement étudiées par le World Economic Forum, car comme les algues, les noix, les insectes, le tofu, le jacquier ou les haricots, le bœuf de laboratoire est beaucoup plus respectueux de l’environnement que le bœuf conventionnel.

À l’heure actuelle, le burger de synthèse reste encore très énergivore, mais avec le perfectionnement des processus, le produit, faute d’être 100% éthique, sera un produit durable… et surtout c’est un nouveau marché juteux!

Et le coût dans tout ça?

La tendance s’est inversée. Alors que pour nos grands-parents, la viande était un met d’exception en raison de son prix élevé, la viande est aujourd’hui un ingrédient banalisé. On ne parle pas forcément de la bonne grosse entrecôte qui reste onéreuse (quoique mois qu’avant), mais de toutes les sauces bolognaises premier prix, la charcuterie, le hamburger à 2 balles, et autres sandwiches triangles.

D’après une étude française publiée en septembre 2018, (Crédoc Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) ce sont les plus jeunes (18-24 ans) qui sont les plus gros consommateurs de viande.

La raison? Les produits transformés, les plats-cuisinés et les fastfoods offrent des repas rassasiants à des prix défiant toute concurrence. Inversement, les personnes âgées de 75 ans et plus sont celles qui consomment le moins de viande. Ainsi on en vient à la conclusion que la consommation de viande est surtout une question de temps à disposition plus que de prix. Il est plus facile d’attraper un jambon-beurre vite fait que de se faire une poêlée de légumes de saison avec des lentilles.

Aujourd’hui, il est donc difficile pour le bœuf in vitro de rivaliser avec la viande hachée de supermarché, très accessible. Le Forum Économique Mondial (WEF) pense que le secteur des protéines végétales ou le bœuf de synthèse pourrait tirer parti des investissements du secteur public, à l’instar du secteur des énergies renouvelables, pour aider à faire baisser les prix.

Avec ce nouveau rapport, le WEF veut démontrer le potentiel à grande échelle d’alternatives végétales à la viande, mais il insiste également sur le rôle des  gouvernements et entreprises dans cette transition. Le rapport est formel sur ce point, le secteur privé seul ne peut y parvenir. Les États devront apporter une aide financière, un encadrement réel et faciliter les démarches aux agriculteurs pour leur permettre une transition sereine, de l’élevage classique à la culture de végétaux riches en protéines, ou une reconversion dans une autre activité agricole durable.

Leïla Rölli