GREENWASHING: H&M et ses habits en bouteilles recyclées

La fausse bonne idée verte qui pollue les océans

Captures d’écran issues du site H&M

L’arnaque « Conscious »

Matraquage publicitaire sur les réseaux sociaux, dans la rue et les médias… H&M surfe sur la vague verte et veut encourager ses client.e.s à consommer des produits faussement écoresponsables.

2011, H&M lançait sa gamme « Conscious » misant, au départ, sur le coton bio. Une petite avancée qui parait bien rachitique face à l’ampleur du désastre qu’est l’industrie textile, l’une des plus polluantes au monde.

Aujourd’hui, H&M se vante de fabriquer des habits à base de bouteilles en PET recyclées et trompe sa clientèle qui pense faire un achat écologique. Explications:

Recyclé ou non, un tissu synthétique pollue

Sans parler de l’énergie grise nécessaire à la transformation de la matière, à la production et au transport, qu’ils soient faits à base de bouteilles recyclées, en nylon, acrylique polyester ou autres dérivés de pétrole, les vêtements en matière synthétique relâchent des microfibres plastiques à chaque lavage.

Et malheureusement, ces microparticules ne sont pas filtrées par la grande majorité des stations d’épuration. Selon l’ADEME, 500’000 tonnes de microparticules de plastique finissent ainsi dans les océans du globe chaque année, simplement parce que nous achetons (et lavons) des habits, chiffons, literies partiellement ou totalement synthétiques. 500’000 tonnes de microparticules de plastique, ça équivaut à 50 milliards de bouteilles en plastique. Belle ironie!

Toujours d’après l’ADEME, de récentes études ont indiqué que 90% des microplastiques retrouvés sur les rivages de Suède proviennent de fibres textiles.

Autre problème identifiable… ce genre de campagnes peut encourager indirectement la consommation de bouteilles en plastique: « Ce n’est pas grave de consommer de l’eau (ou autre) en bouteilles jetables, ça se recycle en habits écologiques! ». FAUX!

Captures d’écran issues du site H&M

La « Fast Fashion » fléau environnemental

Primark, Zara, Forever 21, H&M mais également Zalando et autres revendeurs en ligne font partie des grosses légumes de la « Fast Fashion », cette tendance de mode prêt-à-jeter qui pourrit l’environnement et la santé d’ouvrières et ouvriers depuis plus d’une trentaine d’années. Si jadis les magasins de vêtements proposaient deux collections par an (printemps-été / automne-hiver), aujourd’hui, ce sont en moyenne 24 collections qui sortent tous les ans pour chaque ligne de vêtements vendue par une même enseigne, ce qui implique évidemment de lourdes répercussions sociales et environnementales.

Mais pourquoi en sommes-nous arrivés là?

Dans une stratégie de croissance perpétuelle, les grandes marques d’habits inondent le marché de vêtements bon marché réalisés dans des matériaux médiocres qui se démodent à la vitesse grand V. Leur but est bien évidemment d’encourager une mode « Kleenex », avec des pièces qu’on porte en moyenne 5 fois avant de les délaisser parce qu’elles sont dépassées ou trop abîmées par quelques rares passages en machine. Ainsi, il est devenu commun, voir banal, d’acheter des habits chaque semaine ou presque.

Pour vous donner une idée l’Union Européenne produit à elle seule 5,8 millions de tonnes de déchets textiles chaque année. (Sources Mr. Mondialisation)

Quelques solutions

STOP. La première des mesures est de NE PLUS ACHETER D’HABITS SYNTHÉTIQUES…même s’ils ne sont que partiellement constitués de fibres synthétiques.

BOYCOTTER les grandes enseignes qui malgré toute cette communication verdâtre restent la deuxième industrie la plus polluante au monde après le pétrole. Le textile est responsable de 10% des émissions totales de CO2, de graves pollutions des eaux et des sols – à elle seule, la teinture des vêtements requiert 1,7 millions de tonnes de produits chimiques par an mais également de conditions de travail épouvantables. (Clic sur la campagne de Public Eye « L’exploitation – pas notre style »).

Usine textile au Bengladesh ©Fahad Faisal

ANALYSEZ les étiquettes des vêtements et fournitures que vous possédez déjà et identifiez ceux qui ne seraient pas en fibres naturelles. S’il s’agit de vêtements techniques, comme des habits de ski par exemple, sachez que le froid permet de tuer les bactéries. Ainsi, en hiver, on laisse ses habits à la fenêtre après l’effort… et une ou deux fois par saison, on peut également les mettre au congélateur. Cela permet d’espacer les lavages. Si vos habits sentent la fumée de cigarettes, cette fois c’est la chaleur qui viendra à votre secours, on pourra simplement les poser sur le radiateur pendant une nuit, et hop plus d’odeur!

RECYCLEZ en faisant don de ces vêtements synthétiques à des compagnies qui les transforment en isolation pour bâtiment. Donner des vêtements synthétiques aux bonnes œuvres ne fera que repousser le problèmes. Préférez toujours offrir des habits en matières naturelles.

FAVORISEZ LE SECONDE MAIN. Friperies, annonces internet, organisation de troc… on croule sous les fringues, pensez à échanger, donner, vendre, ou acheter habits et accessoires d’occasion (évidemment on bannit le synthétique), ça sera plus économique et surtout plus écologique!

DU NEUF ÉTHIQUE ET ÉCOLOGIQUE. Si on doit vraiment acheter du neuf,  on mise sur de petites marques écoresponsables, des habits produits plus ou moins localement, en matières naturelles et on choisit des pièces intemporelles, basiques, durables et on en prend soin. Ça coute plus cher, mais comme on achète moins on s’y retrouve financièrement parlant.

ON SOUTIENT DOUBLEMENT en faisant appel à une couturière ou un couturier indépendant.e de sa région pour réparer voir rafraichir des habits qu’on possède déjà.

Et si on en a les moyens, même pour de très petites sommes, on soutient des associations qui scolarisent les enfants dans des pays producteurs de textile (comme Terre des Hommes) ou des projets écoresponsables sur place.

Pour info:

Pendant les soldes d’été 2017, le budget moyen dépensé par les hommes et les femmes en France, vêtement et autres produits confondus était de 302€. Moins de la moitié de cette somme (138€ ou 150CHF) permet d’offrir une formation scolaire à un enfant sauvé de l’exploitation.

MONTREZ L’EXEMPLE. Informez votre entourage sur les ravages des habits en matière synthétique et sur la fausse écoresponsabilité de marques comme H&M qui utilisent des arguments trompeurs pour vendre toujours plus.

Leïla Rölli

 

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