Nespresso, entre travail des enfants, pesticides et aluminium

Quelques précisions après la déclaration de George Clooney attristé par le travail des enfants

Vous l’aurez probablement vu dans les médias dernièrement, George Clooney, fameuse égérie de la marque au café en capsules, s’est prononcé sur les récentes accusations portées contre Nespresso quant à l’usage du travail des enfants dans des exploitations partenaires en Amérique du Sud pour la récolte du café : salaires de misère, lourdes charges, travail 6 jours sur 7, etc.

Ces faits ont été dévoilés dans un documentaire diffusé le 2 mars 2020 sur la chaîne britannique Channel 4.

Alerté par avance des pratiques qui seront dénoncées dans ce documentaire, la marque, par le biais de son CEO a dit avoir une tolérance zéro pour le travail des enfants et prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer que toute sa chaîne de production en soit exempte. Des mesures auraient en outre d’ores et déjà été prises, notamment la suspension des achats provenant des exploitations suspectées, une augmentation de la main d’œuvre dès la prochaine récolte afin de s’assurer que personne n’ait à faire travailler d’enfants, la mise en place d’audits de contrôle dans les fermes partenaires.

L’égérie de la marque s’est, lui, dit surpris et attristé par ces allégations et a avancé que la marque avait encore du travail à faire. Il a également salué le travail du journaliste ayant divulgué ces pratiques.

Pourtant, le scandale des enfants qui travaillent chez les fournisseurs Nespresso ne date pas d’hier, en témoigne ce documentaire ARD rediffusé par la chaine germanophone internationale 3 SAT en 2011 déjà.

Rappelons encore que la même année, suite à une vidéo parodique d’une publicité Nespresso réalisée par SOLIDAR et dénonçant les conditions de travail désastreuses dans les plantations, la multinationale s’était empressée de montrer patte blanche en acceptant de rencontrer l’ONG suisse dans la semaine suivant le buzz. Près de 10 ans plus tard, force est de constater que la situation reste inchangée.

Le greenwashing et exploitation

Cette affaire permet de mettre au grand jour les pratiques peu scrupuleuses de la multinationale du café. L’entreprise Nespresso est en effet une pro du greenwashing : Partenariats avec Rainforest Alliance, mais également avec des journaux tels que le National Geographic afin de faire passer leur système de recyclage des capsules en aluminium comme « durable » et même bénéfique pour l’environnement. En se baladant sur leur site internet, on peut remarquer qu’aucune occasion ne manque pour verdir l’image de la marque. On dépeint le fait pour les consommateur.trice.s de recycler leurs capsules usagées, comme un superbe écogeste, ceci alors que la marque a finalement réussi à créer un besoin là où il n’y en n’avait pas et été ainsi à l’origine de milliers de tonnes de déchets inutiles chaque année…

Pour commencer par le commencement, derrière Nespresso on retrouve bien entendu la multinationale Nestlé bien connue pour ses pratiques sociales et environnementales passablement exécrables : plastique à usage unique à foison, privatisation de l’eau, pesticides, sucre raffiné, huile de palme, etc.

Nespresso, ce sont environ 9 milliards de capsules écoulées chaque année, soit 285 capsules chaque seconde ! (et encore, ces chiffres datent et sont très probablement sous-évalués : En 2014, ce seraient 1.85 milliards rien que pour la France).

La firme fait partie de ces quelques multinationales qui se partagent tous les bénéfices de cet or brun, pour lesquelles plus de 25 millions de producteur.trice.s/travailleur.euse.s se tuent à la tâche. Une énorme concentration du pouvoir qui affaiblit la possibilité pour les producteur.trice.s de négocier.

Aluminium et pollution

Les capsules sont faites à base d’aluminium, un métal dont l’extraction et la production sont extrêmement énergivores et sources de pollution, sans compter la problématique de la déforestation engendrée.

L’entreprise se targue toutefois de les recycler. Or, le système de récupération se fait sur une base volontaire. Ce ne sont donc absolument pas 100% des capsules qui sont finalement recyclées (20% seulement en France…). En outre, la filière de recyclage nécessite des transports à foison et toute la capsule ne peut pas être récupérée puisque certains de ses composants sont en matière plastique.

Nespresso a d’ailleurs bien compris comment faire en sorte que les gens continuent sans cesse de consommer leurs capsules : des machines peu chères et quasiment le prix de la machine offert sous forme de capsules. Ou comment créer un besoin là où il n’y en n’avait pas…

Pesticides et carburant fossile

Quant à la production/récolte du café, il ne faut pas non plus sous-estimer son impact. En effet, entre le cocktail de pesticides, les engrais, les machines agricoles marchant au carburant fossile, le transport jusqu’aux entreprises mettant en capsules, etc. le bilan est extrêmement mauvais.

En résumé, les capsules Nespresso, c’est du café cultivé aux pesticides, produit dans des conditions ne garantissant pas que des enfants n’aient pas été exploités, sous-payant les cultivateur.trice.s, enrobé ensuite dans des capsules en aluminium, le tout vendu à grosses doses de marketing estampillé durable.

Bien entendu, il peut être relevé que la marque fait tout de même des efforts, notamment au niveau commerce équitable. Toutefois, en tant que mastodonte du secteur, elle pourrait très clairement rémunérer bien mieux les producteur.trice.s et faire en sorte que son café soit cultivé de manière biologique plutôt que de dépenser des centaines de millions pour soigner son esthétique… La consommation de masse est un fléau.

Si vous faites partie de ces nombreuses personnes qui ne peuvent pas débuter leur journée sans leur tasse de café, choisissez-le bio, Fairtrade, en vrac et investissez dans une bonne vieille cafetière à l’italienne. Vous retrouverez le goût du vrai café et ferez même des économies !