Le PET qui pète la planète: recycler, ce cercle vicieux.

Par Sandy Chauvet

Le PET, c’est quoi ?

C’est l’une des 7 sortes de plastiques recyclables et son petit nom à lui c’est le polyéthylène téréphtalate et son numéro est le 1. En gros c’est ta bouteille d’eau que tu viens d’acheter. Le PET, c’est la sorte de plastique qui se recycle le mieux, c’est vrai, mais il ne peut pas se recycler avec les autres plastiques, car chaque plastique a ses exigences et ils sont donc recyclés séparément.  Si un autre matériau ou un autre plastique est mélangé au PET (par exemple une bouteille de lait ou de lessive) jusqu’à l’usine, il crée des problèmes notamment des blocages de machines et des pertes de matière première.

Okay, bon moi je n’étais pas au courant de ce problème jusqu’à peu, donc la première chose à faire est d’apprendre comment bien trier les déchets dans les écopoints et ce n’est pas si facile qu’il n’y parait. Dans le PET on ne peut déposer des bouteilles ayant contenu uniquement des boissons, mais attention pas de bouteilles de lait par exemple !

De plus, nous avons toutes et tous l’idée fausse que le recyclage du PET se fait à l’infini, comme le prétend Pet Recycling sur son site internet : « Les bouteilles à boissons en PET se recyclent indéfiniment pour la fabrication de nouvelles bouteilles en PET ou d’autres produits de qualité supérieure tels que des vestes de snowboard ou des sacs en tout genre; c’est la raison pour laquelle les bouteilles à boissons en PET doivent être déposées dans les points de collecte ».

Ce n’est, pourtant, pas le cas, contrairement à d’autres matériaux comme l’aluminium d’une canette.  À force d’être recyclé, le PET devient teinté, souvent jaune, principalement à cause des additifs présents dans les boissons et ne peut plus être utilisé pour refaire des bouteilles en plastique. Il est alors, avec un peu de chance utilisé pour autre chose ou brulé comme les autres déchets ménagers et finit par polluer de cette manière, car l’incinération engendre du CO2 (principal responsable du réchauffement climatique).

Cependant, selon Swissrecycling, le recyclage du PET permet de protéger la planète, car il produit moins de CO2 que si on l’envoyait à l’incinérateur. On peut se dire qu’ils nous présentent du bon et du moins bon, mais qu’effectivement recycler du PET c’est quand même mieux que le jeter à la mer ou l’incinérateur directement. Malheureusement avec le recyclage mécanique, la méthode la plus utilisée, on estime que la perte de matière est d’environ 40%, donc cette solution n’est pas la meilleure et ne permet pas un processus idéal ni conservateur. Cette solution ne parait donc pas aussi fabuleuse qu’on nous la présente.

Pour finir, le recyclage est aussi dangereux pour l’environnement et la santé, parce qu’en recyclant on ajoute de nouveaux additifs comme des métaux lourds qui sont dangereux pour l’humain et autres animaux ainsi que pour l’environnement, si ces matériaux s’y retrouvent.

Et pour recycler le PET et créer de nouveaux objets avec ce PET cela nécessite de l’eau, du pétrole, diverses énergies et appareils ainsi que des infrastructures importantes comme des usines (chauffer, refroidir, modeler, déplacer, examiner), mais aussi des moyens de transport (camions) pour l’acheminement à l’usine depuis l’écopoint, puis vers les points de vente après la fabrication de nouveaux objets, donc du CO2 en plus. Cette action n’est pas sans impacts négatifs sur l’environnement.  Jeter sa bouteille PET dans une poubelle du même nom est, malgré tout le bon geste et le consommateur contribuent à la chaine de recyclage… Disons que c’est mieux que dans la poubelle ou pire…

Donc si toi, maintenant tu vas jeter ta bouteille d’eau dans une poubelle PET, tu fais le bon premier geste que d’autres ne font pas et c’est à cause d’eux (les vilains) que nombreuses de ces poubelles PET ne sont finalement pas acheminées dans une usine de recyclage, mais terminent dans les containers des ordures ménagères. Pourquoi ? Parce que les entreprises chargées de ramasser le PET et les usines ne veulent pas de sacs contenant autre chose que du PET, comme il est notifié dans l’Ordonnance sur les emballages pour boissons du 5 juillet 2000 art. 3, cité par Pet Recycling :

« Les commerçants, les fabricants et les importateurs ne sont autorisés à remettre des boissons que dans des emballages qui n’entrainent pas des coûts supplémentaires importants ni des difficultés techniques considérables pour les organisations existantes de collecte, de traitement ou de recyclage. » Malheureusement, certains individus mal informés ou inconscients de leurs actes, jettent d’autres déchets dans les poubelles consacrées au PET et ces poubelles sont catégorisées comme non recevable et ne sont donc jamais recyclées. »

Donc, quand quelqu’un jette un autre déchet que du PET dans une poubelle PET il engendre le non-recyclage du sac entier et certaines enseignes (lieux publics, de divertissement, etc.) continuent de laisser des poubelles PET alors que celles-ci ne sont pas envoyées au recyclage, mais dans la poubelle. Les gens pensent faire le bon geste en déposant leurs bouteilles dans les poubelles au logo PET, alors que celles-ci finiront au même endroit que les déchets ménagers. C’est un peu une manipulation de bonne conscience et c’est aussi un peu une tromperie, je te l’accorde. Il faudrait donc commencer par expliquer aux consommateurs qu’une bouteille PET c’est celle qui a contenu un liquide qu’on a pu boire et c’est tout !

 

Et dans le monde, le PET il fait quoi ?

Mais le problème du PET et du plastique, plus généralement, ne concerne pas que la Suisse ; c’est un problème à l’échelle mondiale et il est bien plus important qu’on ne l’imagine.

Jusqu’en 2018, la Chine importait plus de 70% des déchets mondiaux, c’est-à-dire quelques 600 000 tonnes chaque mois qui venaient, principalement, des pays occidentaux et des USA. Cet échange bénéficiait à tous puisqu’on (les pays occidentaux) pouvait se débarrasser facilement d’une quantité importante de déchets pour un prix très abordable et la Chine réutilisait ce plastique pour sa production. Cependant, la Chine en a eu marre d’être la poubelle du monde et que certains règlements ne soient pas respectés, notamment sur la propreté des déchets plastiques et elle a décidé de stopper cette importation. De plus, la production de déchets plastiques ne faisant qu’augmenter, la gestion devient de plus en plus difficile pour le pays et il fallait prendre des mesures rapidement.

Depuis, les pays producteurs de déchets sont en alerte et cherchent d’autres solutions. Soit, ils enterrent leurs déchets qui ne vont plus en Chine soit, ils les brûlent : un gros bon en arrière technologique avec des conséquences négatives graves. Une autre solution est disponible : envoyer les déchets dans d’autres pays où pullulent les usines non réglementaires qui représentent de grands dangers sanitaires. Ces usines mettent en danger tout l’environnement ainsi la santé des personnes qui y travaillent et celles qui vivent à proximité parce qu’elles dégagent des fumées très toxiques et n’offrent pas des conditions de travail optimales.

Bien qu’en Suisse nous sommes super bons pour le recyclage du PET ; un suisse rapporte une centaine de bouteilles PET par an, contrairement aux citoyens des pays voisins, on comprend bien que là c’est le moment de changer et que la seule bonne solution serait de ne plus consommer de plastique PET !  Bon plus de plastique du tout, idéalement, mais commençons par celui-ci.

Alors, okay c’est sympa tout ça, mais c’est quoi les solutions ? Les miracles n’existent pas, cependant, tu peux commencer par acheter une bouteille en inox ou en verre, une jolie de préférence, afin d’avoir toujours un contenant disponible pour y mettre une boisson et ne plus acheter de bouteilles PET. Il est aussi possible de t’informer sur internet ou auprès de ta mairie sur les conditions d’un bon recyclage du PET et la localisation des écopoints afin d’y déposer les bouteilles que les copains ont apportées lors de la dernière soirée. Et surtout, n’oublie pas de sensibiliser tes potes, ta grand-mère et tes collègues, car ensemble nous aurons un impact plus fort et nous pourrons rendre le monde meilleur !

 

Sandy Chauvet

Passionnée de beaux paysages, de rires et d’écriture, c’est en étudiant la sociologie que Sandy Chauvet s’est découvert un intérêt particulier pour les problèmes qui nous entourent. Désireuse de les décortiquer, partager et dénoncer, elle se lance sur la voie de la communication digitale. Les réseaux sociaux forment son terrain de jeux favori et elle les utilise à bon escient pour faire changer les choses à son échelle.
Sources :