Une petite tasse infusée au plastique pour se relaxer ?

Par Sandy Chauvet

Le thé est une boisson fortement présente dans notre quotidien. A la maison, au restaurant ou à emporter, selon une étude nationale de 2015, environ 2,9 dl de thé et tisanes seraient consommés, par jour et par habitant, en Suisse. Ainsi, il est courant de se servir une bonne tasse chaude afin de se relaxer, de mieux digérer ou juste pour le plaisir gustatif. Cependant, sa consommation peut soulever des problématiques liées à la santé ou à l’environnement. Pesticides, plastiques et déchets, les petites pochettes à infuser votre boisson préférée sont au cœur de nombreux enjeux et questionnements.

 

Infusette pratique, infusette toxique

Bien qu’il soit possible de trouver des thés et tisanes en vrac, de très nombreuses marques proposent ce produit sous forme de pochettes individuelles. L’idée étant que la dose serve pour une tasse et soit jetée par la suite. Pratique, cette solution n’est pourtant que peu écologique ou saine. Au fil du temps, la petite pochette de thé classique s’est vu devenir un objet complexe, parfois même de luxe. En forme de pyramide, de nuage et autres motifs, elle sait séduire les amateurs et amatrices de thé. Commode, résistante, elle s’utilise partout et se transporte facilement. Cependant, aucune indication claire n’est fournie sur sa composition. Comportant souvent du plastique ou faites entièrement de nylon, ces diverses dosettes à l’air innocent cachent pourtant une composition problématique.

En 2019, une étude canadienne met en avant la dangerosité des composants de ces sachets, généralement en plastique, dont le nylon. Le nylon est une fibre synthétique créer par l’homme. C’est un dérivé du pétrole. Déjà, là, ça donne moins envie de le tremper dans notre tasse.

Une pochette en plastique dans ma tisane, pourquoi ? Le nylon est plus résistant et permet de conserver les feuilles de thé intactes. Cette matière est plus solide que le papier ou le coton. De plus, le nylon est moins coûteux à produire, concernant les sachets de thé. Il a, donc des avantages non-négligeables pour les producteurs et commerçants. Cependant, il est aussi polluant et potentiellement toxique. Avec une composition faites de nylon, des microparticules sont libérées dans l’eau, surtout lorsqu’elle est à haute température. Ainsi, les petites pochettes de thé relâchent, dans les boissons chaudes, de microparticules et nanoparticules de plastiques que nous ingérons.

Dans les boissons chaudes à 95 degrés, sont diffusées des particules de nylon, mais aussi de polytéréphtalate d’éthylène (mieux connu sous le nom : PET). Ces matières sont susceptibles de dégager des perturbateurs endocriniens, potentiellement cancérigènes. Bien que l’impact de ce phénomène ne soit pas encore exactement connu, cela reste inquiétant. Ingérer du plastique n’a jamais eu des bienfaits prouvés, ainsi même l’OMS recommande aux chercheurs d’investiguer plus le sujet. Le plastique, a plus grande échelle, est présent partout et est une des causes principales de la pollution actuelle ainsi que de la dégradation de l’environnement.

Boisson naturelle, nature détruite

La production de nylon impacte fortement l’environnement. Au-delà du fait que cette matière soit composée de pétrole, une ressource non-renouvelable, sa production est énergivore et demande une grande quantité d’eau. De plus, elle engendre la production d’un gaz à effet de serre :  le N2O.  Le N2O ou protoxyde d’azote peut rester dans l’air jusqu’à 120 ans. Il fait partie des trois gaz les plus nocifs pour la couche d’Ozon. En produisant cette matière, les problèmes environnementaux ne cessent de s’accentuer.

Le nylon n’est pas biodégradable ni recyclable, ainsi toutes ces infusettes pour les thés et tisanes sont jetées et brûlées avec les ordures ménagères engendrant du CO2. Ainsi, entre leur production et l’élimination, ces petites pochettes contribuent à la dégradation de la couche d’Ozon ce qui engendre le réchauffement climatique. Bien que ces infusettes paraissent insignifiantes, on image que si l’ensemble de la population suisse consomme plus de 2 dl (une tasse) par jour, leur nombre devient plus impactant. Le plastique est un problème majeur dans l’écologie, actuellement. Cette matière ne se recycle pas ou mal. En effet, recycler le plastique engendre des coûts conséquents et consomme nombreuses ressources. De plus, chez nous, nous recyclons uniquement le PET, donc les infusettes ne sont pas recyclables. Elles sont mises à la poubelle classique. Incinérées, elles génèrent du CO2.

Malheureusement, parfois le plastique est exporté et jeté sur des îles déchets ou enterré. Lorsque le plastique est lâché dans la nature, il ne disparaît jamais complétement, car ses microparticules polluent les sols et eaux. Ainsi, ces mignons petits emballages peuvent devenir de vrais dangers pour la planète Terre et ses habitants. Malheureusement, les pochettes en papier du commerce comportent une couche de plastique, ce qui n’en fait pas une solution.

Infusion de pesticides

Outre les matériaux utilisés pour contenir une petite quantité de thé, les feuilles de thé et leur production peuvent aussi être problématiques. En effet, selon une enquête de 2017 menée par 60 millions de consommateurs, des pesticides et métaux lourds sont présents dans diverses marques de thé et tisanes. Lors de la récolte, les producteurs évitent de laver les feuilles de thé afin de conserver les saveurs. Bien que les saveurs soient préservées, ceci ne permet donc pas d’éliminer les divers fongicides qui sont pulvérisés sur les plantes. Ces produits sont libérés dans votre tasse et vous les ingérez. De plus, lors de la récolte, un tri peu minutieux peut conduire à la présence de mauvaises herbes, parmi les feuilles de thé. Ces plantes relâchent des substances toxiques et cancérigènes pour l’homme dans l’eau.

Pour finir, des fragments de plastiques et autres résidus dangereux peuvent aussi être présentes suites au transport de la marchandise. D’autres composants moins dangereux, mais peu ragoûtants se trouvent, parfois, aussi dans les récoltes tels que des insectes ou des poils de rongeurs. Cela serait dû au fait que ces produits, souvent BIO, ne sont pas traités contre les animaux. On ne peut pas tout avoir, il faut choisir entre pesticides et insectes. En vrac ou en sachet, ici il est primordial de choisir un thé éthique et bio afin d’éviter la présence de pesticides et de produits toxiques.

Solutions écologiques même à l’emporter

Des solutions existent pour que chacun et chacune puisse profiter de sa douce boisson chaude. Commencez par préférer le vrac. Dans certains magasins, vous pourrez même bénéficier d’une réduction en venant avec votre contenant. L’avantage du vrac est qu’il n’y pas d’emballage superflu, donc pas de pollution pour la production ni l’incinération des déchets. De plus, dans la liste des ingrédients, tout est clair : pas de plastique à l’horizon. La fraîcheur des feuilles est aussi souvent meilleure. Le vrac permet d’acheter la seulement la quantité désirée à un prix avantageux, car ne demande pas coûts pour les emballages ou les acteurs intermédiaires en lien avec diverses étapes. Le vrac vous offre l’opportunité d’oser des mélanges et associations. C’est l’occasion de trouver votre recette secrète.

Des infusettes écologiques et non toxiques existent. Vous pourrez en trouver faite de maïs, par exemple. Pratique pour transporter une petite portion lorsque vous voyagez. Des infusettes en cotons réutilisables sont aussi disponibles dans divers commerces. Plus classique, la boule à thé se présente dans un peu près toutes les formes et couleurs. Veillez à éviter de la choisir en plastique, pour les mêmes raisons que nous l’avons vu avec le nylon. La boule à thé vous permet aussi de gérer plus ou moins la quantité nécessaire pour une tasse. Si vous êtes amateur / amatrice, n’hésitez pas à vous offrir une théière avec filtre ou une tisanière et vous pourrez déguster une grande quantité de votre boisson favorite.

Pour profiter de sa boisson à l’emporté, vous avez de très nombreux contenants en inox, afin de transporter votre boisson et de la garder au chaud. Certains commerces et cafés vous proposeront réduction sur la boisson à emporter si vous venez avec votre propre contenant. En forme de bouteille ou de gobelet, de couleurs différentes, chacun trouve son bonheur dans le commerce actuel.

Bien que les quantités d’agents toxiques soient faibles et que des études doivent être menées pour éclaircir le sujet, il est évident que le plastique reste dangereux pour le corps et l’environnement. Au travers des préoccupations écologiques actuelles, de nombreuses alternatives et solutions sont proposées. Consommer écologiquement permet aussi de protéger sa santé et d’éviter d’ingérer des microparticules indésirables

Alors, quoi de plus relaxant que de savourer son thé préféré la conscience tranquille ?

Sandy Chauvet