ÉTUDIANT.E, LYCÉEN.NE: ET SI JE M’ENGAGEAIS?
Envie changer le monde? Cloé te donne quelques conseils pour y parvenir!
Photo ©Romain Do, aka @Pandado
« Ah ces jeunes en études, à part dormir sur les bancs de l’Uni’ et boire des verres, ils ne font pas grand chose ! »
« Non mais moi je n’ai vraiment pas le temps de faire du bénévolat ou de m’engager en politique. Les cours c’est vraiment trop time-consuming ! »
Vous l’aurez sûrement compris, aujourd’hui je vais vous parler de comment il est possible de s’engager en tant qu’étudiant.e, que ce soit en politique ou dans le milieu associatif. Car faire rimer études et engagement, ce n’est absolument pas surhumain !
Non, s’engager sur des sujets qui nous tiennent à cœur tout en étant en études, ce n’est pas réservé à l’élite et ne va pas automatiquement faire plonger vos notes. Voici donc quelques conseils et, pour vous assurer que ce n’est pas que du blabla, je vous parle également de mon parcours personnel tout à la fin 😉
Milieu associatif
Domaine :
C’est tellement simple de rentrer dans une association ! Faites une petite recherche sur le domaine qui pourrait vous intéresser, trouvez l’asso’ qui semble vous correspondre au mieux, prenez contact avec un groupe régional et rendez-vous à la première réunion. Ça ne vous engage en rien. Le milieu associatif, c’est vraiment celui où vous pourrez trouvez ce qui vous correspond le mieux : écologie, droits de l’Homme, aide aux migrants, aux personnes malades ou en situation de handicap, droits de l’enfant etc. De quoi convenir à tout le monde !
Si vous êtes à l’Université, jetez un coup d’œil à la liste des associations universitaires, liées à la durabilité, à la vie sur le campus ou à d’autres sujets qui vous parlent. Vous serez surpris de la quantité et de la qualité de ces asso’ et vous y engager, c’est l’occasion de rencontrer plein d’étudiant.e.s d’horizons différents.
Temps consacré :
Tout dépendra de votre niveau d’engagement. Disons que dans l’associatif, vous n’avez normalement aucune « obligation » et donc, si vous êtes en pleine session d’examens et ne pouvez pas être actif durant quelques semaines, ça ne devrait pas être un drame ! À vous de trouver votre rythme et de participer à un certain nombre de réunions et actions selon vos disponibilités.
Coût :
En général, vous devez payer une cotisation de membre, mais la plupart proposent un tarif réduit pour les personnes en formation.
Bénéfices :
Vous connaîtrez du monde, agirez pour une cause qui vous tient à cœur, participerez à de chouettes actions !
Politique
(attention, je ne parle ici que du système suisse, où il est très facile de se lancer en politique !)
Domaine :
On ne peut pas tellement parler de « domaine » en politique, mais il est clair que pour vous lancer, il vous faudra choisir un parti en fonction de vos affinités. Faites un tour sur quelques sites internets de partis, renseignez-vous dans la presse etc. Vous pouvez même contacter le groupe du parti en question de votre commune pour leur demander si vous pouvez participer à une de leurs réunions; un moyen de sonder le terrain et de voir si le courant passe avec les membres sans pour autant vous engager de suite !
Attention, vous engager au sein de votre parti préféré dans votre commune ne signifie pas pour autant siéger. Il vous faudra attendre les prochaines élections pour éventuellement vous présenter et être élu.e, mais ces premiers temps sans être actif.ve au sein du législatif de votre commune, c’est un bon moyen de vous rendre compte de ce que signifie être élu.e au législatif d’une commune et du travail qui va avec !
Temps consacré :
Cela dépendra de si vous êtes élu.e ou non, à quel niveau et si vous participez également à la vie de votre parti au niveau cantonal ou communal !
Être élu.e dans une petite-moyenne commune, c’est participer à env. 5 séances par année et donc 5 séances de préparation en groupe, avec des rapports à lire. Il faut compter env. 2-3 heures par séances et moins d’une heure pour lire les documents, ainsi que quelques séances de commission si vous décidez d’en rejoindre une (chaque commune a des commissions sur différents thèmes : vie locale / infrastructures, environnement et énergie / finance etc.). Ce n’est donc pas trop de temps sur l’année et c’est du temps bien investi 😉
Coût :
Il vous faudra payer une cotisation (qui varie selon le parti et est souvent réduite pour les personnes en formation) !
Bénéfices :
Une expérience dans la politique, c’est toujours très enrichissant et vous permet de vous créer un réseau et de rencontrer de très belles personnes ! Que vous soyez élu.e ou non, vous aurez l’occasion de donner votre avis sur divers sujet, au niveau communal, voire même cantonal si vous participez aux groupes de travail ou aux séances du comité cantonal de votre parti. Vous apprendrez à vous exprimer en public, l’art de la négociation, mais également celui du compromis et puis vous vous instruirez sur plein de sujets auxquels vous ne vous seriez peut-être jamais intéressé.e.s auparavant !
Vous aurez également l’occasion de faire changer les choses dans votre commune (ou canton) en proposant des projets qui vous tiennent à cœur. Bien entendu, le « sacre » est d’être élu.e ! Et cela peut arriver bien plus vite que vous ne le pensez, puisque certains groupes communaux ont de la peine à trouver de la relève. Et sinon, vous aurez la chance de participer à une belle campagne 😉
Et finalement, le cliché que les politicien.ne.s sont très bien rémunéré.e.s… Navrée de vous annoncer qu’il est passablement erroné ! Certes, une fois élu.e dans votre commune vous recevez normalement des « jetons de participation » pour vos séances de préparation en groupe et vos séances du législatif, mais elles ne sont souvent pas très nombreuses et le montant des jetons pas énorme non plus. On est plus de l’ordre du défraiement que de la rémunération. C’est d’ailleurs pour cela qu’en Suisse on parle de politique de milice ! Après, il est clair que le montant perçu peut changer du tout au tout d’une commune ou d’un canton à l’autre. A savoir également que l’on doit normalement reverser une partie de ce montant au parti !
Autres
Réseaux sociaux, vie quotidienne etc., vous pouvez bien entendu vous « engager » sans pour autant devenir membre d’une association ou d’un parti politique !
Chacun de vos gestes du quotidien a un impact sur le monde. Ici, on parle surtout d’écologie, donc consommer bio, en vrac, vegan, boycotter les produits des géants de l’agro-alimentaire, éviter le plastique à usage unique, réparer, consommer moins, acheter de seconde-main etc., ce sont plein de manière de démontrer votre engagement sans pour autant devenir « membre » d’un groupe.Le mouvement de la grève pour le climat, par exemple, n’est ni associatif, ni lié à un parti politique. Or, le simple fait d’aller manifester/de faire grève pour un certain sujet, c’est un acte citoyen engagé et très fort !
Sensibiliser votre entourage à certains sujets est également une forme de militantisme, tout comme le fait de partager des informations à ce sujet sur vos réseaux sociaux : pourquoi ne pas passer des selfies aux stories informatives ? 😉
Bref, même si vous pensez que ce n’est pas encore le moment pour vous de vous engager dans le milieu associatif ou politique, il y a toujours moyen de « s’engager » pour les causes qui nous tiennent à cœur !
Mais en vrai, c’est comment en pratique ?
Eh bien je peux vous donner mon exemple personnel :
Je viens d’avoir 22 ans, suis en dernier semestre de Master en Droit et débuterai mon stage d’avocate en septembre. Je travaille à côté de mes études depuis la fin du Lycée, d’abord dans un supermarché, puis dans un magasin bio et en vrac, les samedis et durant les vacances universitaires.
J’ai commencé à m’engager sur les réseaux sociaux et dans ma vie personnelle, en devenant vegan et en partageant des informations à ce sujet ainsi que sur la thématique du plastique et autre sur mes pages Facebook et Instagram.
En fin de Bachelor, j’ai rejoint l’association PEA – Pour l’Egalité Animale. Quelques temps après, j’ai contacté le groupe des Verts de ma commune pour jeter un œil sur comment se déroulaient les réunions et si cela pouvait me plaire. Après seulement quelques séances, je me suis retrouvée Conseillère générale car une personne a dû sa place.
Tout est également allé très vite quant à mon engagement au sein du parti cantonal, puisqu’on m’a proposé de rejoindre un groupe traitant de la stratégie des prochaines élections et, quelques temps après, de rejoindre le Bureau cantonal, soit l’organe décisionnel du parti.
Entre temps, j’avais également commencé à écrire des articles pour En Vert Et Contre Tout, et j’ai co-fondé une association promouvant le véganisme et l’antispécisme au sein de mon Université et la représente au sein des associations durables. Ces derniers temps, je suis également passablement active dans le mouvement de la grève du climat dans mon canton !
Vous l’aurez compris, je suis plutôt TRÈS engagée et pourtant, cela ne m’a pas empêché de mener à bien mes études – avec de super notes -, tout en travaillant à côté (magasin bio-vrac et durant ce dernier semestre, assistante-étudiante et assistante de recherche en plus de cela).
Mais comment je fais pour tout gérer et combien de temps ça me prend ?
Je dirais que mon engagement associatif et politique me prend env. 1.5h. par jour (si on cumule toutes les heures annuelles). Le plus long, ce sont bien entendu les séances… J’en ai parfois 4 par semaine, parfois 0. C’est donc assez variable ! Et puis il y a également les lectures, mails, articles etc. Alors oui, ça prend du temps, oui, j’ai clairement réduit mes heures de farniente (et de sport…), mais ce que je fais, je prends toujours un énorme plaisir à le faire.
Nous sommes la génération qui peut faire changer les choses du point de vue climatique, mais également social. Nous avons entre nos mains le futur des prochaines générations, celui de nos enfants et petits-enfants, ! On met tous.tes ses priorités où on le souhaite, mais je vous encourage vraiment vivement à essayer de mettre à profit une part de votre temps pour vous engager pour une cause.
Je suis par contre absolument d’accord avec le fait que cela peut être difficile pour une personne en apprentissage. En effet, après une longue journée de travail, on a bien plus envie de se reposer devant la télévision que de participer à une séance… En plus de cela, le système suisse n’aide pas vraiment à concilier vie associative/politique et travail, et encore moins pour les jeunes de familles peu-aisées qui n’ont pas forcément accès aux informations adéquates pour s’engager.J’espère vivement que cela changera d’ici quelques années et d’ici là, je vous encourage grandement à vous lancer ! Contactez enfin l’association ou le parti qui vous fait de l’œil depuis un moment, vous ne regretterez pas ! Et rappelez-vous que votre engagement est « résiliable » à tout moment si les choses deviennent trop compliquées à gérer pour vous 😉
En espérant vous avoir convaincue qu’être jeune et engagé.e, c’est enrichissant et ma foi pas si difficile que ça !
À bientôt pour une prochain article !
Cloé Dutoit
Soutenez notre travail en faisant un petit don sur Tipeee. Chaque contibution, même petite, compte et nous permet de continuer! Merci!