Stop au financement du commerce de guerre en Suisse!
On vote sur l'initiative Contre le Commerce de Guerre le 29 novembre prochain

On parle beaucoup de l’initiative pour des multinationales responsables et passablement moins de l’initiative contre le commerce de guerre.
Pourtant, cette initiative co-lancée par Les Jeunes Vert.e.s Suisse et le GSsA (Groupe pour une Suisse sans armée), défend des valeurs similaires, soit que la Suisse prenne ses responsabilités quant aux conséquences qu’ont ses agissements dans d’autres pays du globe.
Des milliards dans un commerce mortifère
En effet, la finance suisse investit chaque année 9.9 milliards dans l’armement. Rien qu’en 2018, la BNS a investit $ 1.3 mia dans des entreprises fabriquant des armes nucléaires, à coup d’actions, d’obligations et autres emprunts.
Une nouvelle étude a d’ailleurs démontré que ce sont même plus de $ 15 mia qui parviennent directement ou indirectement à l’industrie internationale de l’armement via les institutions financières helvétiques.
La Suisse et les caisses de pensions financent donc un commerce mortifère, sachant qu’en 2019, les conflits armés ont tué 75’600 personnes à travers le monde.
Le but de l’initiative est simple : que l’argent suisse ne serve justement plus à financer les entreprises productrices de matériel de guerre.
Pour ce faire, les initiants ont élaboré un texte modifiant la Constitution Suisse de manière à ce que le financement des producteurs de matériel de guerre soit interdit pour la BNS, les fondations et les institutions de prévoyance publique et prévoyance professionnelle.
Ne pouvant contraindre directement les milieux économiques privés, l’initiative prévoit tout de même un alinéa demandant à la Confédération de s’engager au plan national et international en faveur de la mise en place de conditions similaires pour les banques et les assurances. Une clause qui se veut donc incitative.
Limiter le financement des producteurs de matériel de guerre, favoriser les placements durables
La question qui se pose souvent est celle de savoir à quoi correspond la notion de « matériel de guerre » et de « producteur de matériel de guerre ».
Ainsi, le texte de l’initiative prévoit qu’est considéré comme un producteur de matériel de guerre l’entreprise dont plus de 5% du chiffre d’affaires annuel proviennent de la production de matériel de guerre, tout en précisant que les équipements de déminage, les armes de chasse et de sport, de même que les munitions correspondantes ne sont pas concernées.
Un OUI à cette initiative permettrait, d’une part, de limiter le financement de ces producteurs et, partant, d’agir à la source et d’espérer que la production d’armes de guerre sera moins importante. D’autre part, cela obligerait les institutions concernées à se tourner vers des placements durables, qui s’avèrent par ailleurs bénéfique au niveau économique!
Quant à l’aspect écologique, outre l’augmentation des placements durables, il sied de rappeler que l’industrie de l’armement est l’un des secteurs les plus polluants au monde et gaspilleur de ressources! Tant le commerce, la production et l’utilisation de matériel de guerre émet quantité d’émissions de Co2, mais également de particules fines.
Sans impact direct pour les PME
Rappelons finalement que, contrairement à ce que les opposant.e.s avancent, l’initiative ne met pas en péril les PME! L’initiative ne vise que les entreprises dont plus de 5% du chiffre d’affaires est lié à la production de matériel de guerre, ce n’est aucunement le cas de PME en Suisse. Par ailleurs, les matériaux composant le matériel, tel que des vis, boulons, ou autres ne sont pas concernés par la définition de « production de matériel de guerre »! Cet argument ne vise qu’à faire peur en une période où les PME sont déjà sous pression…
Il n’y a donc que de bonnes raisons qui dictent l’acceptation de cette initiative. La Suisse se revendique comme un pays neutre, s’engageant en faveur des droits humains, de la paix et des solutions diplomatiques. Pourtant, elle finance abondamment des conflits armés et perd ainsi toute crédibilité.
Des exemples d’institutions ayant renoncé au financement du commerce de guerre existent et sont positifs! En Suisse, plusieurs caisses de pension, telles que celles des cantons de Zurich, Bâle-Ville et Bâle-Campagne. A l’étranger, le Fonds souverain norvégien, l’un des plus grands fonds du monde tient également cet engagement.
2 grands OUI!
Pour agir en faveur de placements durables et contre le lobby de l’armement, mais également pour les victimes des conflits armés et pour un monde plus équitable, on dit OUI le 29 novembre prochain. Même 2x OUI!
D’ailleurs, vu la situation actuelle rendant le travail militant dans la rue quasiment impossible, partagez un maximum les argumentaires et autres publications au sujet de cette initiative. C’est urgemment nécessaire!
Cloé Dutoit